Du 5 septembre au 5 novembre 1915 s’est tenue à Casablanca « L’Exposition » ( le nom exact était « Exposition Franco-Marocaine de Casablanca »). L’idée est, en pleine guerre mondiale, de montrer aux Marocains que l’énergie et l’ingéniosité françaises demeurent intactes. Le but est double : politique et économique.
Politiquement, il s’agit de combattre la propagande allemande au Maroc en montrant, que malgré la durée du conflit, en Europe, la puissance française est la même, que son activité et ses ressources industrielles ne sont pas atteintes, que la France peut maintenir et même développer son action au Maroc tout en défendant ses frontières en métropole. S’appliquer à donner partout l’impression que la guerre ne nous émeut pas, que nous en attendons l’issue en toute confiance, et qu’ici au Maroc la séance continue. Lyautey.
Économiquement, il s’agit de faciliter, à la production française, la conquête du marché marocain d’où la guerre a évincé en grande partie le commerce allemand. Une foire-exposition est le lieu idéal pour présenter les produits français susceptibles d’être utilisés ou consommés au Maroc : quincaillerie, parfumerie, tissus, verreries etc … C’est en même temps donner l’occasion aux producteurs locaux de trouver en France de nouveaux débouchés pour leurs matières premières.
« Ce que nous présentons aujourd’hui, dira Lyautey en inaugurant la manifestation, c’est une exposition de combat ».
Cette « Exposition » de 1915 à Casablanca est un succès et les fasi revendiquent rapidement la possibilité d’organiser une foire-exposition à Fès : la ville n’était-elle pas la capitale de l’empire chérifien avant le protectorat ?
Un autre argument est avancé pour une foire-exposition à Fès : il n’est point de ville jusqu’ici plus mystérieuse, plus fermée à l’Européen, où par conséquent cette initiative revête un sens impressionnant.
« À relire les pages qu’il y a peu de temps lui consacrèrent des voyageurs illustres, on se demande si cette ville n’est pas la même que la capitale inaccessible, à l’enceinte d’airain, du fabuleux émir Moussa, contemporain du sultan Haroun-al- Rachid », écrit André Lichtenberger dans La France au Maroc.
C’est là, plus qu’en tout autre lieu, que Loti se sent étroitement captif du suaire de l’Islam, » tombé sur moi, dit-il, de tous côtés, m’enveloppant de ses vieux plis lourds, sans un coin soulevé pour respirer l’air d’ailleurs ». Chevrillon écrit : « Ici, il ne demeure que la cendre d’une ville dans une carapace immense de murailles presque enterrées … C’est bien l’Orient le plus sombre que j’aie connu. Le dedans peuplé de cette ville est morne autant que son dehors est inanimé … ».
À travers les siècles, il semble que la ville d’Idriss II soit restée repliée sur elle-même ; séduire Fès, frondeuse et indomptable, améliorer les relations avec ses habitants en étalant dans un grand « souk » la variété des ressources de la France, tout en donnant le sentiment permanent de sa force, de sa liberté d’action et d’esprit sont les principaux objectifs de ce projet.
Le capitaine Georges Mellier, président du Mejless-el-Baladi de Fès, fait vivre l’idée et en juin 1916, à l’occasion d’un séjour du général Lyautey à Fès, la décision est prise : Fès aura sa foire en octobre 1916. C’est finalement le capitaine Albert Mellier qui a succédé à son frère (parti pour le front de France) à la tête des services municipaux (Mejless-el-Baladi) qui préside le comité d’organisation.
L’entreprise est osée, le délai est court, à peine 3 mois : peut-on compter sur des envois de marchandises avec les aléas du voyage et la rareté des produits ? Comment amener à Fès les exposants et les touristes ? Où loger les visiteurs dans une ville qui ne possède en 1916 que peu d’hôtels équipés du confort moderne ?
Le champ de foire sera situé au grand Méchouar … qui n’est encore « qu’un marais où l’on chasse le canard » !

Le chantier est gigantesque et les moyens limités pour ne pas dire dérisoires : « Pas de bois pour les baraquements ! C’est Meknès qui dut le fournir. On ne possédait qu’une scie, celle de la Makina, pour le débiter. Un seul ouvrier pour actionner la scie ! Tantôt c’était la scie qui se cassait, tantôt c’était l’ouvrier qui se coupait le doigt. Alors malgré la vaillance de chacun, on était contraint de stopper. »
« Et c’est ainsi, avec ces moyens de fortune -ou plutôt d’infortune – qu’on put dessécher et niveler 10 hectares de terrain, débiter des centaines de tonnes de chevrons, planches et voliges, construire 360 pavillons ou boutiques, établir des canalisations, installer l’électricité, etc … ». Tout cela en trois mois !
Mais pour faire une foire, il faut des articles, des exposants et des clients. Après deux ans de guerre, avec la cherté des matières premières, la hausse du fret, les complications de main-d’oeuvre et de fabrication, peut-on trouver en France et au Maroc les marchandises nécessaires à l’approvisionnement des stands ?
Et si des envois de France sont faits, s’ils échappent aux sous-marins et franchissent les mers, comment le petit chemin de fer ( voie de 0,60 m à l’époque ), qui en temps ordinaire suffit à peine à ravitailler Fès, pourra-t-il charrier marchandises et matériaux ?
Si des visiteurs accompagnent le matériel, voudront-ils passer trois jours dans le train « Decauville » pour franchir les 250 kilomètres entre la côte et Fès ? Il y a bien sûr l’automobile mais il existe encore entre Casablanca et Fès de nombreuses portions de piste soumises aux aléas climatiques pour le franchissement des oueds. Ensablement ou embourbement ne sont pas exclus.
Et dans le meilleur des cas , si tout le monde arrive à Fès, où loger et nourrir ces visiteurs ? Sur un guide de Fès, réalisé pour l’occasion par Prosper Ricard « Guide de Fès. 1916 », moins de 80 chambres, réparties dans sept hôtels de la Médina et de Fès-Jdid, sont recensées. Les restaurants sont aussi rares et Lichtenberger écrit : « Il y a bien à Fès trois ou quatre maisons où des gens audacieux osent attaquer autrement qu’avec leurs doigts des nourritures contestables ».
Finalement tout le monde s’investit dans cette oeuvre plus patriotique que commerciale car les profits ne sont pas garantis.
Le petit chemin de fer de la voie de 0,60m est mis à contribution pour transporter caisses, madriers, solives, et même les montagnes russes en multipliant les va-et-vient entre Casablanca, Kénitra et Fès. Seules les marchandises devant être exposées sont encore bloquées à la douane de Kénitra (futur Port-Lyautey) huit jours avant l’ouverture de la foire. C’est Lyautey lui même qui donne l’ordre de débloquer les caisses de marchandises ; les fonctionnaires des douanes doivent s’exécuter et les employés du chemin de fer font des heures supplémentaires, nuit et jour, pour acheminer de quoi achalander les boutiques et pavillons de la foire.
Le petit train embarque aussi les voyageurs et la durée du trajet est réduite à deux jours – au lieu de trois – entre Salé et Fès. Un hôtel est aménagé à la hâte à mi-parcours permettant un repos bienvenu. Les plus favorisés profitent même d’un voyage en draisine dans la journée.
Tous les visiteurs trouvent à se loger et à se nourrir, même si tous ne garderont pas un souvenir enchanteur de leur séjour à Fès : des campements sont organisés, des maisons aménagées en Médina et des restaurants de fortune éprouvent les tubes digestifs !
La Foire est installée dans le Vieux Méchouar, adossée au palais même du Sultan, sur une surface d’une dizaine d’hectares, traversée par un bras de l’Oued Fès ; trois portes y donnent accès.
En quelques semaines s’est dressé un village de tentes et de baraques. La municipalité offre à tous les exposants des emplacements gratuits et, moyennant une redevance minime, elle propose de leur fournir des boutiques.
Le 15 octobre 1916, le Résident général Lyautey inaugure « La foire d’échantillons de Fès », dont il parcourt tous les stands. Le Sultan à son tour, fait une visite officielle quelques jours plus tard, à l’occasion de sa présence à Fès. Bientôt les touristes de marque affluent : hommes politiques, journalistes et hommes d’affaires venus de France, ministres alliés venus de Tanger, hauts fonctionnaires de l’Afrique Occidentale et de l’Algérie, délégations des Chambres de commerce des principales villes du Maroc et d’Algérie.
Le pari est gagné et l’objectif des autorités du protectorat atteint : montrer qu’en pleine guerre, la France est capable de garder assez de liberté d’esprit pour organiser une manifestation commerciale et festive de grande ampleur.



Il faut, pour être honnête, reconnaître -même pour un fasi!- que la manifestation est plus modeste que « l’Exposition » de Casablanca : la distance, le prix des transports, l’accroissement des difficultés liées à la guerre en Europe, le faible temps de préparation ont obligé à réduire la voilure !
La « Foire d’échantillons » est cependant un succès, de nombreux exposants et visiteurs sont venus de France, au total plus de 150 stands ou pavillons avec ceux des commerçants locaux.

Lyautey dans son discours d’ouverture n’hésite pas à qualifier le caractère de cette manifestation, de politique économique et même de tactique économique. « C’est une œuvre de guerre que nous réalisons ici » et il précise que la guerre n’est plus un « tournoi entre professionnels mais que la partie terrible et tragique où se joue la vie des nations, se livre partout et sous toutes les formes à l’usine et aux champs ».
Il ajoute « Vous connaissez l’adage : Le pavillon couvre la marchandise, et vous savez sous quel pavillon s’abritait la marchandise qui prétendait naguère au monopole du marché marocain. Ce pavillon, il est abattu, et c’est le nôtre aujourd’hui qui couvre la marchandise ». La Foire de Fès n’est pas qu’une simple entreprise commerciale.
Tous les exposants ne sont pas présents au début et arrivent de France en cours de manifestation. Lyautey revient donc le 22 octobre 1916, une semaine avant la clôture de la foire, pour les remercier et tirer avec eux les leçons économiques.
Il rappelle, que dès l’ouverture des hostilités, la première mesure était d’expulser les ennemis – les allemands- et de confisquer leurs biens. Mais « la visite de leurs consulats vides fut pour nous une révélation. Nous y trouvâmes de véritables musées commerciaux, un échantillonnage complet, soigneusement catalogué, habilement présenté, avec toutes les indications, toutes les références pouvant attirer le client et avec le souci dominant de satisfaire à ses goûts et de lui faciliter ses paiements. Nous comprirent de suite quelles leçons il y avait à en tirer pour l’avenir … Ce que, à côté de l’échantillonnage que nous avons trouvé chez nos ennemis, nous ont montré les documents qui y étaient joints, c’est la persévérance et la ténacité avec lesquelles ils poursuivaient leurs desseins … Il y a là un grand enseignement qu’il ne faut pas craindre de prendre, même chez des ennemis ».
S’inspirer de l’efficacité et du modèle allemands ne date pas d’aujourd’hui !! Plus de cent ans déjà !!
Visitons cette première Foire d’échantillons de Fès.
Elle est installée dans l’enceinte du Méchouar, au pied du pavillon du Sultan. De la porte d’entrée, taillée dans le grand mur qui longe la route, à l’époque dite de Meknès, par laquelle se fait l’entrée à Fès, partent en éventail des rues qui groupent les exposants par régions ou villes : la rue de Rabat, la rue de Fès, la rue de Paris ….



Les régions (Casablanca, Rabat, Meknès, Safi et Taza) ont installé elles-aussi leurs pavillons avec des décors originaux mettant en valeur l’artisanat local.
Comme, contrairement à l’Exposition de Casablanca, il n’y a pas à Fès de section spécifique pour l’industrie des arts indigènes, chaque région présente dans son pavillon les productions artisanales locales: tapis, broderies, reliures, sculptures sur bois, zelliges, poteries, etc … Il s’agit de réveiller les facultés créatrices des artisans marocains.
Dans le pavillon de Fès, mi-tente mi-médersa, on expose même des meubles, chaises et armoires dessinés par un français, traités selon les règles de l’art musulman et réalisés en bois de cèdre par des artisans de l’Atlas. Ces meubles ont un certain succès auprès des européens mais on se demande s’il n’y a pas là un risque de voir les artisans perdre une part de leurs traditions et de contrarier un renouvellement purement marocain des arts appliqués.
On offre le thé à la menthe aux visiteurs pendant qu’ils écoutent des orchestres de musique arabo-andalouse, ou de chirates..




Malgré les difficultés pour se rendre au Maroc, les exposants français répondirent aux appels de l’Office chérifien et de l’Association des classes moyennes, chargés de la propagande, et une quarantaine de « maisons » métropolitaines était présente parmi lesquelles les Grands Magasins du Printemps, voisinant avec le Jouet Parisien, la maison Scheurer Lauth, avec ses tissus imprimés provenant de son usine de Thann en Alsace tout juste libérée.

Tous ces exposants ont apprécié leur participation, soit par des résultats immédiats soit par des contacts riches en promesse … inch’allah !
Pour inciter les commerçants de la Médina à s’installer dans l’enceinte du Méchouar, les organisateurs ont eu l’idée de transposer à la foire un coin de la Qisariya, avec ses petites boutiques surélevées, ses rues tortueuses et sa couverture en roseaux (c’était avant l’incendie de la Qisariya en 1918 qui devait modifier la structure et l’organisation interne lors de la reconstruction).
C’est dans ce souq fasi que l’on trouve pendant trois semaines, le vendeur de tapis, le marchand de babouches, de poteries, l’épicier ou le droguiste installés comme chez eux. Il est à noter que beaucoup de cartes postales anciennes de la série des commerçants sont issues de photographies de Flandrin prises à l’occasion de cette foire de 1916. C’est aussi, pour certains visiteurs l’occasion d’un galop d’essai dans un souk « aseptisé » avant une immersion plus pittoresque dans les rues de la Médina avec leurs petites boutiques alvéolées, une foule plus dense et les petits ânes en procession.
Pas de Foire sans un espace réservé à l’agriculture et à l’élevage. L’exposition agricole est une première à Fès et toute la gamme de produits régionaux est mise en avant : culture maraîchère et fruitière, céréales, industrielles avec le chanvre et le riz, apiculture et sériciculture.
Le cheptel étale sa diversité : bœufs des différentes régions du Maroc, moutons à viande ou à toison, plus rustiques des montagnes, chèvres etc … ( c’est à cette époque qu’est installée à Fès, la ferme expérimentale d’Aïn Kadous, sous l’impulsion d’un contingent d’une trentaine de territoriaux et pour la petite histoire une maison démontable récupérée à la clôture de la foire servit de bureau et d’habitation au premier directeur).

Le matériel agricole n’est pas oublié avec batteuses, moissonneuses, pompes et moteurs divers. Ce matériel des fermes modernes fut l’objet d’un grand intérêt de la part des agriculteurs- aisés- marocains ou européens préoccupés – déjà – du renchérissement de la main d’oeuvre au moment des semailles ou des moissons.
Pas de Foire sans exposition agricole, mais pas de Foire, non plus, sans attractions et distractions. Sans être la foire du Trône même si elle est accueillie dans le Méchouar du Palais royal, la Foire de Fès n’a pas oublié la fête foraine. Une immense esplanade est réservée aux fantasias et aux jeux indigènes.

Et si l’on entend le bruit des armes à feu ce ne sont pas celles de tribus berbères en révolte dont se souviennent encore les fasi (émeutes de 1912), mais simplement celles du « jeu de la poudre » auquel se livrent les farouches guerriers de l’Atlas ou du Rif.
D’autres sont encore plus pacifiques « de nombreux guerriers des tribus voisines sont descendus de leurs montagnes pour faire chanter la poudre. Ils décapitent des pipes, démolissent des cibles, razzient, armés d’une carabine de salon, des macarons et des roses ».
Les balançoires « indigènes » de construction rustique, les montagnes russes, les manèges de chevaux de bois, le mât de cocagne, le cirque Nava, les séances de cinématographe, le « palais des glaces » avec ses illusions optiques, le diorama de Moulay Idriss conçu par de la Nezière, font le plein tous les jours. On propose même une promenade en barque – canotier non fourni- sur le petit canal qui borde le Méchouar et alimenté par l’oued Fès, non navigable !

Le cirque Nava a installé ses attractions en bordure des murailles de Moulay-Abdallah et présente Goliath, « l’extraordinaire athlète nain », l’homme le plus populaire du Maroc … après le général Lyautey, !!
Et puis, il y a les cafés, les maisons de thé, les marchands de beignets et les restaurants. Il y a même un restaurant français. « À quiconque qui y dîne, l’idée vient de tâter du restaurant arabe. Quand on y a goûté, on revient au restaurant français » Lichtenberger. (Il semblerait que la Foire ne soit pas un lieu gastronomique). Ce restaurant se caractérise par une originalité : les vieilles meurtrières des remparts du Sultan servent de passe-plats !
Tout ceci forme un extraordinaire assemblage dont le contraste est surprenant à côté de la ville silencieuse, toute proche et qui, entre ses cimetières, sa ceinture de verdure et ses remparts en ruines poursuit impassible son « rêve médiéval ».
Des milliers de visiteurs, fasi et berbères des alentours, se pressent pour visiter la Foire. Pour marquer le caractère populaire de la fête, l’entrée est gratuite tous les jours et à toute heure. Le matin où le flux de visiteurs est moindre les commerçants et exposants visitent les stands et négocient de futurs contrats.
Le début d’après-midi voit une foule de « pèlerins » cheminer vers le Méchouar et on évalue entre 20 et 30 000 par jour le nombre des visiteurs. Le cirque, les chevaux de bois ont la faveur du public ; le cinéma installé en plein air attire la foule qui, dès 18 heures, vient s’accroupir sur le sol dans l’attente de la séance qui souvent ne débute pas avant 21 heures. « La lanterne s’est allumée et voici que se profilent sur l’écran les figures magiques du cinéma. Deux heures durant, avec ça et là un frisson d’émoi ou d’inextinguible fou rire, la foule demeure extasiée. Cela quel que soit le sujet et quel que soit le temps ».
Si les attractions remplissent leur rôle d’appât, le succès commercial est au rendez-vous. Le commerçant fasi comme l’acheteur individuel vient au « grand souk ». Négociants en gros ou détaillants dont les articles correspondent au goût du pays voient leurs stocks dévalisés.
Plusieurs maisons françaises – principalement de soieries, quincaillerie, draps, cotonnades, faïences, porcelaine et matériel agricole – décident de créer une agence ou de laisser un correspondant à Fès.
Des machines industrielles amenées en exposition sont achetées : moteurs industriels, dynamos, moulins de minoterie, outillage de l’industrie de la soie trouvent facilement preneurs.
La production locale en matière d’industrie artistique connaît une véritable renaissance.
Au total, le succès est tel que la Foire est prolongée d’une semaine (peut-être aussi pour permettre aux exposants arrivés en cours de manifestation d’amortir leur déplacement). Le but est atteint économiquement aussi bien que politiquement : impressionner par l’activité de la France au Maroc, ses richesses, sa vitalité ; donner confiance aux marocains ; ouvrir de nouveaux marchés. Le manège de chevaux de bois a économisé quelques colonnes et épargné la vie de soldats français et de guerriers marocains.
On dit même que des guerriers de tribus insoumises, guidés par une curiosité irrésistible se mêlèrent aux visiteurs pour venir constater par eux-mêmes ce que propose la France. Un chef insoumis aurait même sollicité une trêve et une autorisation pour se rendre à la Foire à condition de rester libre de retourner ensuite dans sa tribu à son poste de combat. Cette étrange demande est acceptée ; le chef tribal reçoit le meilleur accueil et à l’issue de sa visite il aurait déclaré qu’il n’a rien de mieux à faire que de se soumettre avec ses guerriers … ce qu’il fait. (Je publierai plus tard un article du Courrier du Maroc du 29 août 1954, écrit par Marcel Bouyon et précédemment publié dans « l’Écho d’Oran » qui évoque une anecdote semblable). voir La Foire de Fez en 1916, outil de pacification?
En 1917, c’est Rabat qui aura, à partir du 16 septembre sa foire d’échantillons, troisième des grandes manifestations économiques pendant la guerre. En même temps sont mis en place les Musées commerciaux du Maroc inspirés par l’exemple allemand.
À consulter :
Chevrillon André : Un crépuscule d’islam.
Lichtenberger André : La France au Maroc. 1918
Loti Pierre : Au Maroc
Lyautey Hubert : Paroles d’action
Revue France-Maroc n°1 1916
Ricard Prosper : Guide de Fès 1916
Le 20 septembre 1916 La Vigie marocaine rend compte des préparatifs de la foire de Fès
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