Image à la une : Femmes marocaines. Années 1930. Photo Léon Sixta. Édition Maroc-Islam. Dar El Glaoui Fez-Médina.
Ce texte est la synthèse d’une conférence prononcée en avril 1955 par le Docteur Alfred Fauque. J’ignore qui est l’auteur de cette synthèse … peut-être le Dr Fauque lui-même car le texte me paraît bien structuré, documenté et précis. J’ignore également dans quel cadre cette conférence a été donnée, le Dr Fauque était membre de plusieurs associations culturelles fassies. J’ajouterai après l’article une biographie du Dr Fauque qui a exercé la médecine à Fès pendant plus de 50 ans (1945-2000).
Si, du point de vue occidental, les problèmes de l’évolution de la famille musulmane sont des problèmes d’adaptation matérielle et d’utilisation des instruments et des meubles, du point de vue des musulmans, ce qui importe c’est que, dans son évolution, la famille musulmane ne cesse pas d’être musulmane.
Entre la conception laïciste qui voudrait créer un droit laïque et laisser subsister le droit religieux, pour ceux qui voudrait en user, et, la conception traditionaliste qui voudrait éviter tout contact contaminant avec l’Occident, les réformistes et les modernistes en Islam cherchent à tirer des conceptions dynamiques des données musulmanes traditionnelles. Ils veulent permettre à la famille d’évoluer pleinement dans le cadre matériel et social moderne, sans abandonner l’essentiel du cadre spirituel : le caractère sacré du Coran et la personne du prophète Mahomet.
Pour cela, réformistes et modernistes cherchent la signification véritable de la loi coranique en étudiant ce qui se passait avant l’Islam. Ils constatent que le Prophète a voulu généraliser aux tribus nomades de sa région la conception du mariage Koreishite qui s’avérait bien plus stable que le mariage coutumier, véritable union libre qui sévissait alors dans l’ensemble du pays.
Les développements juridiques post-coraniques ont eu, de leur côté, pour but d’éviter ou de limiter les abus qui pouvaient exister de par la législation coranique ou malgré elle, comme les Fataoua’ate ou actes additifs au contrat de mariage, par lesquels le futur mari prend une série d’engagements, comme celui de ne pas prendre de seconde épouse, engagement dont la violation entraîne la rupture du mariage.
Les considérations de principe permettent aux réformistes et aux modernistes de dégager les bases juridiques d’une famille musulmane adaptées ; ces bases seraient les suivantes : rendre pratiquement impossible la polygamie qui déjà serait impossible s’il fallait appliquer intégralement la loi coranique, limiter les droits du mari par des actes additifs à l’acte de mariage, limiter le divorce en définissant strictement ses conditions, considérer la ségrégation des femmes comme une mesure prescriptive disciplinaire du Prophète valable pour une époque et un état social donné et non ad aeternum.
Que penser de tout cela ? Le mieux est de voir ce qui s’est passé en Occident et comment la famille s’est constituée. La famille actuelle en Occident peut se définir de la façon suivante : « C’est une donnée sociale, comprenant un homme et une femme unis sur un pied d’égalité complémentaire en vue de remplir un rôle social et d’avoir le nombre d’enfants souhaités, qu’ils élèveront et éduqueront eux-mêmes sans abus d’autorité ».
En prenant point par point cette définition, on s’aperçoit que certains caractères n’ont été acquis qu’après de grandes luttes et au prix de grands bouleversements sociaux et que certains ne l’on été que depuis peu de temps.
C’est ainsi que si, aujourd’hui, personne ne conteste que la famille soit une donnée sociale puisque la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 dit : « La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et de l’État», par contre les philosophes du XVIIIe, avec Rousseau, ont cru que la famille avait été construite par l’homme et la femme pour des raisons de commodité personnelles. Cette conception a permis l’apparition du Droit révolutionnaire en 1792 dont l’étude est très curieuse car elle montre pour la première fois dans la société l’apparition de l’union libre comme union légale. Les méfaits du Droit révolutionnaire qui ont abouti à un divorce sûr en l’an VIII, ont montré à la France du moins, les dangers d’une législation à priori en matière de famille.
En ce qui concerne l’union de l’homme et de la femme, union qui à l’heure actuelle, dans beaucoup de pays occidentaux, peut être religieuse ou civile, l’histoire montre que depuis le Concile de Trente, en 1545, jusqu’à la loi Waquet de 1884, de grands courants d’idées, des conflits religieux, sociaux et juridiques ont été nécessaires pour arriver au modus vivendi actuel qui ne heurte plus ni la conscience civile, ni la conscience religieuse.
L’égalité complémentaire de l’homme et de la femme dans le mariage est aussi un résultat auquel l’Occident n’est arrivé que récemment. Qu’on se souvienne des luttes mouvementées des féministes et anti-féministes du XIXe et surtout de la deuxième moitié de ce siècle, avec Fourier et Proudhon, de l’apparition de la classe ouvrière avec le problème de la femme à l’usine, l’influence des littérateurs, des femmes écrivains, pour réaliser combien lentement a été acquise l’égalité de la femme dans la famille occidentale. L’incapacité civile de la femme mariée n’a été supprimée que par la loi du 18 février 1928 et l’obligation d’obéissance de l’épouse le 18 juin 1938.
L’idée que la famille pouvait avoir un rôle social est la dernière née des idées sur la famille en Occident. En 1939, Pie XII dans l’encyclique Summi Pontificatus parle du rôle missionnaire de la famille et en 1946, Paul Archambaud disait : « Nous pensons qu’il y a des valeurs de spiritualité qui sont incarnées dans la famille et qui ne peuvent être développées que dans et par la famille ».
Pour ce qui est du nombre d’enfants souhaités, il suffit de penser que pendant tout le XVIIIe siècle, des familles de huit, dix, douze, seize enfants étaient habituelles et que les familles restaient soumises au rythme physiologique des naissances.
L’idée de limiter les naissances, non dans un esprit d’égoïsme de la part des parents, mais dans l’intérêt des enfants eux-mêmes est apparue théoriquement en 1798 avec l’ «Essai sur le principe de population », de Malthus. Elle a commencé à faire son chemin au début du XIXe siècle. À l’heure actuelle, comme le dit Robert Prigent « le couple entend bien avoir des enfants, mais il souhaite rester maître de son don de vie … suivant des disciplines religieuses ou par une morale qu’il se fixe lui-même, il tend à un véritable contrôle du rythme des naissances » (« Notion moderne sur le couple uni par le mariage »).
En ce qui concerne l’éducation des enfants par les parents, ce n’est qu’en 1948, avec la Déclaration universelle des Droits de l’Homme que le principe a été admis sans discussion : « Les parents ont par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants » (art.26).
On sait que Danton disait : « Les enfants appartiennent à la République avant d’appartenir à leurs parents ». On connaît les législations totalitaires d’il y a 20 ans. Après quelques erreurs ça et là, il semble qu’avec la Déclaration universelle, l’Occident ait admis définitivement le droit d’éducation des parents par priorité.
Pour ce qui est de l’abus d’autorité enfin, alors que dans le Code civil primitif, au XIXe siècle, le père pouvait retenir l’enfant à la maison jusqu’à 21 ans, le faire ramener chez lui manu militari, qu’il avait un droit de correction qui lui permettait de le faire incarcérer, de 1898 à 1935, une série de dispositions législatives tendent à freiner l’abus d’autorité des parents en instituant la déchéance paternelle, le régime de liberté surveillée pour les mineurs et de surveillance éducative.
Il y a des leçons à tirer de cette évolution de la famille en Occident.
D’abord pour les Occidentaux.
En ayant à l’esprit que la conception actuelle de la famille en Occident s’est établie au prix de bouleversements comme la Révolution, l’Empire, deux guerres mondiales, d’un bouillonnement sans précédent d’idées de toutes sortes, d’un développement industriel très spécial, d’une législation civile qui a fait ses crises de croissance tempérée par une législation religieuse vieille de deux mille ans, l’Occidental cessera de paraître étonné quand il observera la famille musulmane. Il pourra mieux penser que celle-ci est à un moment de son évolution et non qu’elle représente un type social très différent et impénétrable.
Ensuite pour les Musulmans.
La connaissance de l’évolution historique de la famille occidentale peut permettre aux Musulmans de mieux juger celle-ci. Ils réalisent mieux combien, derrière l’apparente liberté absolue des femmes d’Occident, il y a tout un contexte historique, social, psychologique, qui freine en profondeur cette liberté et l’empêche de dégénérer. Derrière une certaine laxité dans les liens, il existe une réalité sentimentale qui n’a plus besoin de s’extérioriser. De plus, certains musulmans qui seraient tenter de souffrir quand ils font la comparaison entre les deux familles en pensant que la famille musulmane ne correspond plus à leurs conceptions, risquent moins de souffrir s’ils pensent que ce n’est qu’un décalage dans l’évolution et non une différence essentielle de civilisation qui crée les différences actuelles.
S’il fallait, pour plus de précision, faire le profil de la famille musulmane en fonction de l’histoire de la famille occidentale, on obtiendrait le tracé suivant :
1°) La famille musulmane est du XXe siècle en ce qui concerne les problèmes de la famille et de l’État : allocations familiales, primes diverses, etc. Certains pays musulmans (la Syrie par exemple) ont inscrit les droits de la famille dans leur constitution.
2°) Elle est d’avant le Concile de Trente du point de vue des croyances religieuses. La théologie musulmane traditionnelle n’a pas pris position d’une façon officielle et œcuménique sur les problèmes posés par les réformistes et les modernistes, comme le Concile de Trente l’a fait en face du Protestantisme.
3°) Elle est du début du XIXe siècle du point de vue des mœurs. Le commencement de la disparition de la famille patriarcale, une vie économique nouvelle, un déséquilibre dans les rapports entre l’homme et la femme, tout cela rappelle la période romantique européenne.
4°) Elle est de la moitié du XIXe siècle au point de vue des croyances philosophiques : le problème de l’égalité des sexes, de la femme au travail, du libre choix des époux et la fermentation intellectuelle que ces problèmes provoquent à l’heure actuelle rappellent les grandes croyances et les grands débats du temps de Proudhon et Fourier.
Ce profil est encore rendu plus en dentelle par le fait que les pays musulmans ne sont pas tous au même niveau d’évolution, qu’à l’intérieur d’un même pays les milieux sont à des niveaux différents d’évolution, que l’Islam ne parle pas partout la même langue : il y a, à côté de l’Islam arabe, un Islam turc, persan, indien et cela n’est pas fait pour simplifier les problèmes.
Que conclure de tout cela concernant l’avenir de la famille musulmane ?
Il s’agit ici, non de l’avenir matériel ou démographique qui n’est pas dans le cadre de notre étude, mais de l’avenir spirituel et religieux. Existera-t-il un jour, dans l’ensemble des pays musulmans, une majorité de familles de structure sociale moderne et qui se rattachent par les croyances, la morale et la pratique, au Coran et au Prophète Mahomet ? Il semble que cette étude puisse permettre de répondre affirmativement. D’abord rien dans les croyances musulmanes ne porte atteinte en quoi que ce soit à leur saine notion de la famille. Le droit musulman n’est pas à priori un droit révolutionnaire français qui sévit de 1792 à 1802. Il ne porte atteinte en rien aux caractères fondamentaux de la famille et c’est là le point capital.
Pour ce qui est de certaines dispositions législatives qui ont été à l’origine de certains déséquilibres et ont permis certains abus, nous avons vu que les réformistes et les modernistes cherchent, par une dialectique d’interprétation variable dans son ensemble, à éclairer la lettre du Coran par l’Esprit dans lequel le Prophète l’a révélé. Ils introduisent ainsi dans l’étude du droit musulman un facteur d’évolution de premier ordre : la recherches des intentions du législateur.
Mais on le conçoit , le travail des réformistes et des modernistes atteindra son but que lorsque les mœurs auront assez évolué pour aider une législation vivante. On connaît l’adage latin : « Quid leges sine moribus ? », « que sont les lois sans les mœurs ».
Eh bien, c’est là que l’Occident peut intervenir quand bien même il n’aurait d’autre rôle que celui de l’exemple, pour faire évoluer les mœurs musulmanes. Et ces mœurs évoluent à l’heure actuelle très rapidement. Si la société occidentale a commencé à changer à la Révolution et qu’elle semble avoir mis 150 ans pour arriver à l’état actuel, on peut être certain que la société musulmane mettra beaucoup moins de temps, à la fois parce qu’elle a devant elle l’exemple de l’Occident et parce que avec la radio, le cinéma, la télévision, les choses vont beaucoup plus vite qu’avant ».
Ce texte, qui a près de 70 ans, reste actuel et pose des questions qui n’ont pas encore trouvé de réponses.

Mère et son enfant. Années 1930. Cliché anonyme (peut-être Belin).
Il me semble utile de donner quelques éléments sur la biographie du Dr Alfred Fauque. J’utilise pour cela, le livre « Éclats de vie » Mémoires d’un serviteur inutile, qu’il a écrit, et qui a été édité par le Service Culturel, Scientifique et de Coopération de l’Ambassade de France au Maroc et l’Institut Français de Fès pour « rendre un hommage public au grand humaniste qui aura marqué de son charisme et de son rayonnement la vie de Fès, sa cité, et celle de son pays d’adoption, le Maroc. »
Je n’ai trouvé ni la date d’écriture, ni la date d’édition. Le seul repère temporel, et encore approximatif, est donné par l’introduction, signé « André Natali. Directeur de l’Institut Français de Fès 1994-1997 ». Natali brosse ce portrait d’Alfred Fauque, que tout le monde appelle « Docteur Fauque » : « Le personnage est véritablement haut en couleurs, mélange étonnant et détonant d’érudit humaniste et de lettré arabe, de carabin facétieux et de croyant sincère, trônant dans un capharnaüm où les bijoux berbères font face aux pipes d’écume et les tableaux d’orientalistes côtoient les grands auteurs chrétiens… »
Alfred Fauque, né en 1915, libanais par sa mère, français par son père, officier dans l’armée française, passe son enfance, au gré des affectations de son père, au Liban, en France, en Turquie, en Tunisie avant de découvrir le Maroc : en novembre 1926, la famille s’installe à Fès.
Alfred Fauque, obtient son baccalauréat à Fès, et commence des études de médecine à Montpellier en octobre 1934. Parallèlement à ses études de médecine, il s’inscrit en Faculté de Lettres, et suit des certificats de psychologie, d’Études littéraires classiques et d’Histoire de la philosophie enseignée par Jean Guitton.
Il fait le bilan de son année 1938-39 : « Le 21 juin 1939, j’avais réussi très normalement à mes examens fondamentaux de médecine et je passais en 5ème année. J’étais aussi reçu à mes trois certificats de lettres, dont deux avec mention et j’avais obtenu en une année de juin 38 à juin 39, les cinq certificats de la licence d’enseignement de la philosophie ; mes élèves de la boite à bachot avaient été reçus dans des proportions inespérées. »
Lors de la déclaration de guerre, il interrompt ses études et revient à Fès. Il souhaite s’engager pour la guerre dans le Service de Santé militaire avec ses quatre années de médecine validées ; sa demande est refusée car il est Libanais et on lui propose de servir dans la Légion étrangère comme 2ème classe. Il se met alors à la disposition à la fois de l’Instruction publique au Maroc et de la Direction du Service de santé. L’Instruction publique l’envoie à Marrakech au Collège musulman Sidi Mohamed comme professeur suppléant, pour l’année 1939-40. Le Service de santé lui propose de faire fonction d’interne à l’hôpital civil de Marrakech. Il accepte les deux postes … bénévolement à l’hôpital car déjà recruté par l’Instruction publique !
À l’automne 1940, Alfred Fauque débarque à Alger, où son dossier universitaire a été transféré, pour terminer ses études de médecine. En juillet 1942 il revient à Fès pour rédiger sa thèse. En novembre 1942, son ami Ahmed Bahnini, le sollicite au nom de l’Association des anciens élèves du collège Moulay Idriss pour donner des cours au collège qui manque d’enseignants. Alfred Fauque enseignera le français et le latin en classe de seconde, troisième et quatrième pendant l’année scolaire 1942-43.
Un article du Code civil français modifié en 1942, permet la légitimation d’Alfred Fauque qui n’avait pu être faite au moment du mariage de ses parents. En février 1943, il devient officiellement porteur du nom … qu’il avait toujours porté. Français, il peut demander à rejoindre l’armée comme médecin, ce qu’il fera après avoir passé sa thèse en novembre 1943. Mobilisé en décembre 1943, il est affecté comme médecin auxiliaire dans un régiment qui rejoindra l’Algérie, puis fera les campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne.
Démobilisé, il quitte l’Allemagne le 31 octobre 1945 et rentre à Fès, où il exercera définitivement la médecine. Il ouvre son cabinet le 14 mars 1946, en ville nouvelle, puis un second cabinet en médina avant d’exercer à temps partiel dans un dispensaire de la médina. Il devient médecin-chef du Service de médecine à l’hôpital civil Auvert, de Fès.
« Mon cabinet, mon service hospitalier, mes malades m’accaparaient de plus en plus. Il m’arrivait de souffrir à la fin de la journée, de n’avoir fait que de la médecine … Aussi, pour varier mes occupations, acceptai-je de faire partie de certaines assemblées culturelles, d’assister à des conférences et d’en faire moi-même à Fès et dans beaucoup d’autres villes du Maroc. Préparer une conférence était pour moi, occupé par ma profession, la meilleure manière de travailler un sujet : cela devait se faire à une date précise et, parce que j’avais à l’esprit la vision d’un public qui m’inspirait et qu’il m’aurait été désagréable de décevoir. »
À son retour à Fès, il retrouve ses amis et ses anciens élèves du Collège Moulay Idriss. Il échangera souvent avec eux à l’occasion de réunions ou de conversations individuelles sur la marche vers l’indépendance et plus tard, écrit-il, « cela me fit une impression étrange de voir arriver au pouvoir des hommes que j’avais connus quand nous étions lycéens ». Il conserve des liens étroits avec les frères Bahnini, Ahmed (qui fut tué dans l’attentat de Skhirat en 1971) et M’hamed, Abd-el Krim Benjelloun, Ahmed Ben Bouchta et beaucoup d’autres encore.
Alfred Fauque accepte la vice-présidence des Anciens Combattants, il préside l’association des Anciens élèves du Lycée mixte de Fès, les « Amitiés Africaines du Maréchal Franchet d’Esperey » pour venir en aide aux militaires démobilisés. Il sera élu vice-président du Conseil supérieur de l’Ordre des médecins du Maroc, fonction qu’il occupe pendant plus de seize ans. Il prend aussi, à la demande d’un comité composé d’Européens et de Marocains la présidence de la section de Fès de l’Alliance française, association créée à Paris pour la défense et la diffusion de la langue et de la civilisation françaises. Il est membre des « Amis de Fès ».
Ces diverses fonctions ne sont pas purement honorifiques. Alfred Fauque est un conférencier recherché et apprécié. Il donne très souvent des conférences dans les divers cercles culturels dont il est membre, il est souvent sollicité pour des discours d’accueil des autorités de passage, il participe aux congrès des sociétés savantes au Maroc ou en Afrique du Nord et anime les conférences de Carême à l’Église Saint François d’Assise, de Fès.
« Je me rendais compte que je travaillais de plus en plus, que j’arrivais à tenir le coup en ce qui concernait mes occupations annexes, et que je ne me plaignais pas de n’avoir pas une minute pour me gratter les cheveux. Cela ne valait-t-il pas mieux que de se morfondre ? »
Alfred Fauque n’a pas été simplement un médecin attentif et dévoué, un conférencier apprécié, mais c’était un grand humaniste qui a contribué à une meilleure connaissance entre les hommes, quelles que soient leur origine, leur culture ou leur religion.
Alfred Fauque est décédé, à Fès, en janvier 2000.