Image à la une : Guérisseur au Maroc (photographie publicitaire d’un laboratoire pharmaceutique)
Médecine et médecins à Fès avant le protectorat est le texte d’une conférence donnée aux « Amis de Fès » par Monsieur Judah M. Bensimhon le 24 janvier 1951. Il nous est proposé par Jeanne et Michèle Lévy, ses petites-filles.
J’ai déjà, dans deux articles de ce blog, cité certains passages de cette conférence dont j’avais retrouvé le texte il y a quelques années – avant de connaître Jeanne et Michèle !
Voir Médecins à Fès avant le protectorat et Apothicaire à la jouteya
Jeanne Lévy écrit en janvier 2021 : « Ce texte, qui contient la totalité de la conférence, a cependant été retravaillé en partie en tenant compte des différentes notes manuscrites et dactylographiées des archives de mon grand-père, Monsieur Judah M. Bensimhon ».
Remarque : page 29 il est écrit : « Un autre médecin anglais, le docteur Verdun installé au Douh, faisait de fréquentes visites à la population israélite du mellah de Fès ». Je pense qu’il s’agit du Dr Egbert Verdon (et non Verdun), médecin à la mission anglaise de Fès et qui, lors du Tritel, avait organisé, avec le consul MacLeod et les dames de la Mission protestante, une ambulance où ils ont recueilli et soigné une quinzaine de blessés.
Dans le texte de la conférence que j’avais trouvé, il y avait déjà cette orthographe erronée du nom du médecin anglais.
Le Dr Verdon et son frère le lieutenant Nevic Verdon, arrivés au Maroc avant 1900, étaient membres de la mission militaire anglaise chargée, sous les ordres d’Harry Mac Lean (plus connu sous le nom de Caïd Mac Lean), de l’instruction de l’infanterie de l’armée du Sultan Moulay Hassan.
Pour la petite histoire Nevic Verdon, se tua en tombant d’une terrasse où il aidait au gonflement d’un ballon que l’on voulait lancer pour une fête. Selon la liste des inhumés au cimetière international, où sa tombe porte le n° 3, il est décédé le 12-9-1902 ; le cimetière international (ou consulaire) ayant été créé fin 1902, il est donc probable que Nevic Verdon ait été inhumé temporairement dans un autre lieu, avant son transfert au cimetière consulaire, peut-être au cimetière Ed Dhar El Mahrès (sur la colline de Dhar Mahrès, en face du mellah) établi à cet endroit pour recevoir les Juifs morts hors de la ville, les coutumes musulmanes ne permettant pas d’introduire un cadavre dans une ville. Les Chrétiens qui mourraient à Fès étaient enterrés dans ce cimetière avant la création des cimetières européens : la mère du vice-consul anglais décédée en 1898, avait été inhumée à Ed Dhar El Mahrès avant son transfert au cimetière international de Ben Debbab.
Pour illustrer le texte de Judah Bensimhon je joins deux photographies du dispensaire israélite de Fès ouvert en 1916.

Dispensaire israélite du mellah (bâtiment de droite), place du Commerce à Fès. Photo Bouhsira vers 1920
En 1937, le Dr Fernand Dernoncour, premier médecin-chef du dispensaire écrit : « Le Dispensaire israélite de Fès est une formation chirurgicale créée en 1916 pendant la guerre mondiale et installée en 1917 dans une coquette construction neuve à proximité du mellah dont elle est séparée par une grande place. De l’autre côté, s’étendent de vastes jardins, de sorte que près d’un quartier surpeuplé le Dispensaire placé dans un lieu surélevé jouit d’une situation à la fois agréable et hygiénique.
Il accueille chaque matin 250 à 300 consultants, la plupart israélites qui y reçoivent pansements et médicaments et piqûres diverses. C’est un Dispensaire de médecine générale où cependant sont soignées toutes les affections qui n’exigent pas impérieusement l’intervention d’un spécialiste. En plus de la consultation, le médecin du Dispensaire assure la visite médicale à domicile des malades israélites indigents et c’est probablement la seule ville du Maroc où existe ce service, en tout cas depuis 1917.
Il y a quelques années, ce dispensaire s’est accru d’un service de consultations gratuites pour les européens qui fonctionne l’après-midi avec distribution de médicaments ; ainsi se trouve complétée à Fès l’assistance médicale gratuite. »

La consultation du Dr Dernoncour au dispensaire israélite de Fès. Photographie de 1929. Service photographique de la Résidence générale